Covid-19 – Le télétravail n’est pas une solution miracle !

Revêtant un caractère volontaire, le télétravail ne peut être imposé au salarié et doit être mis en place par le contrat de travail, y compris par avenant. C'est le cas à la SNCF qui a développé le télétravail dans de nombreux services. La possibilité du télétravail s’étudie à la demande de l’agent sur la base du volontariat et après voir validé le respect de pré-requis organisationnels, matériels et logistique. Mais ça c'était le monde d'avant.

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Aujourd'hui, dans le secteur privé et dans la fonction publique, le gouvernement souhaite maintenir en situation de travail le maximum de travailleuses et de travailleurs pour soutenir l’activité économique pendant cette crise sanitaire. La Direction SNCF a décidé de généraliser le télétravail dans la mesure du possible. la Direction ajoute qu'il appartient à chaque responsable d’équipe de définir les modalités d'application de cette mesure. En gros, c'est aux managers de trouver la solution miracle pour disposer du jour au lendemin d'une armée de télétravailleurs.

Et demain, il nous faudra s'interroger sur les conditions de sortie de confinement. Elle sera certainement progressive et le télétravail imposé perdura encore. Après demain, il faudra faire un retour d'expérience de cette mesure, être vigilants et revendicatifs sur le dispositif télétravail en situations exceptionnelles.

Cet article a pour objectif d'agréger les informations (dispositifs - revendications de la CGT) sur le télétravail en cette période de crise sanitaire.

En complément, 2 autres articles :

Le télétravail et la crise sanitaire : limites et vigilances sur les mesures

Le contexte :

En situation de crise sanitaire, pour le gouvernement, le télétravail est la solution à privilégier lorsque cela est possible. Il est ainsi conseillé à l’employeur d’organiser la mise en place du télétravail lorsque cela est possible, pendant les 14 jours suivant le retour d’un salarié d’une zone à risque ou ayant été en contact avec une personne infectée. Les entreprises dotées d’un accord collectif ou d’une charte sur le télétravail pourront s’appuyer dessus pour adapter leur organisation.

Le salarié doit en principe donner son accord. Mais il existe une exception prévue à l’art. L. 1211-11 du Code du travail qui permet de se passer de cet accord en cas de risque épidémique. En l’occurrence, le ministère estime que le risque d’épidémie lié au coronavirus est un motif légitime d’imposer le télétravail pour lensemble d'une activité ou service. Donc, dans ce contexte, le salarié ne peut pas refuser d’effectuer du télétravail.

Le gouvernement incite donc à s’appuyer sur l’article L1222-11 du code du travail pour prioriser le maintien de l’activité économique via le télétravail.

Ainsi la SNCF a pris la décision de généraliser le télétravail dans sa note du 16 mars "Epidémie COVID-19 - Rencforcement des mesures". Mais cette généralisation du télétravail n'a pas été anticipée. Beaucoup de collègues se sont retrouvés du jour au lendemain télétravailleurs sans préparations et sans bénéficier des conditions adéquats pour  assurer leurs missions.

Les managers, les équipes ont dû improviser rapidement et repenser l’organisation du travail en conséquence. Le collectif de travail est réajusté. Les échanges et réunions en cette période d'isolement présentent bien des limites.Il y rarement eu des arbitrages ou des renoncements sur les charges de travail.

Individuellement, chaque néo télétravailleur ne dispose pas des mêmes conditions pour effectuer leurs missions que celles des télétravailleurs déclarés. Ceux-ci ont bénéficié des conseils pour disposer d’un environnement de travail dédié et adapté (voir article sur le sujet). Ils ont également à disposition tous les accessoires informatiques nécessaires (écran, clavier, souris, casque audio/micro). Un ordinateur portable et une clé VPN ne suffisent pas pour travailler dans des bonnes conditions !! Et même ce minimum nécessaire n’est pas garanti. Des agents ont  dû retourner au bureau et repartir avec leur Unité Centrale sous un bras et l’écran sous l’autre. Ce fut le cas pour les agents du RCAD.

Analyses et revendications de la CGT 

Même pour un métier éligible au télétravail, pour le personnel ne l’ayant jamais pratiqué, il est difficile d’improviser le télétravail. Voici quelques raisons, parmi d’autres :

  • la conformité aux normes électriques et de sécurité du lieu où s’exerce le télétravail a-t-elle été contrôlée (jusqu'à 2017, date du nouvel accord,une certification électrique était nécessaire avant toute validation de demande de télétravail) ?
  • la mise à disposition par l’employeur du matériel nécessaire à l’activité n’a pas été anticipée.Travailler avec son seul ordinateur portable pendant toute la période de confinement s’avère rapidement fastidieux. De même, comment s’isoler lors des réunions par audio ou visio lorsqu’on n’a pas de casque ?
  • Il faut disposer des conditions d’accès à internet haut débit avec une sécurisation des connexions et des données qui transitent. Tous les agents ne disposent pas de connexions à haut débit garanti. Dans leur dossier de demande, les télétravailleurs devaient fournir une certification de débit supérieur à 2Mo (https://www.degrouptest.com).
  • L’agent dispose-t-il d’un espace (ou bureau) dédié au télétravail pour pouvoir se concentrer ? En outre, disposer d’un fauteuil de bureau confortable est indispensable pour éviter toute douleur lombaire après des heures passées, assis derrière son ordinateur.
  • Garder un enfant en situation de télétravail n’est pas souhaitable. Il rend quasiment impossible le travail, et peut même être dangereux (surtout en situation d’improvisation).
  • l’absence de formation au télétravail. L’agent maitrise-t-il les outils informatiques pour faire le télétravail (Skype, Teams, activation du VPN…) ?
  • Il se pose aussi la question des frais supplémentaires liés à l’activité si elle a lieu à domicile (électricité, prime d’assurance, consommables, etc.).

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En temps normal, le télétravail est pratiqué entre 1 et 2 jours par semaine par les travailleuses et les travailleurs qui sont identifié·e·s comme tel. Il ne constitue donc pas, même dans ce cas, la solution miracle pour maintenir une activité dans la durée. Improviser le télétravail pour tenter de maintenir l’activité coûte que coûte est inefficace, et risque de générer du sur-travail et de confronter le personnel à des conditions de vie et de travail générant stress et durée excessive de travail. Cette forme d’activité ne doit pas être imposée. Toutes les formes de travail à distance doivent faire l’objet d’un volontariat et être accompagnée d’une formation à la prise de poste. Il sera temps de tirer les enseignements, à l’issue de la crise, sur le défaut d’encadrement de cette forme de travail en France.

Pour la CGT ce qui relève du « business » doit s’effacer devant l’intérêt général et sanitaire, et ne doit pas être un prétexte pour imposer une forme de télétravail à domicile, chez le client ou dans des plateformes. Les employeurs doivent participer à l’effort national de lutte contre la pandémie qui concerne tout le monde. Ils n’ont pas à s’exonérer de leurs responsabilités ni vis-à-vis des travailleuses et travailleurs, ni vis-à-vis de la société. L
Il est de la responsabilité de nos premiers dirigeants d’envoyer des consignes claires pour suspendre tous les objectifs de production habituels.

Le grand nombre de connexions a provoqué la saturation des systèmes de télécommunications des serveurs de la SNCF. La CGT défend le maintien d’une activité essentielle en lien avec les besoins d’un service public du transport des usagers et des marchandises, en ce sens, le télétravail doit y contribuer, pour autant, toutes les autres productions doivent être aménagées ou suspendues au regard des difficultés et contraintes que posent le confinement.

La Fédération CGT des Cheminots a rédigé le 01 avril 2020 un tract spécifique sur les dangers du recours massif au télétravail.

Elle rappelle que le télétravail comporte des risques :

  • Disparition des frontières entre la vie personnelle et la vie professionnelle ;
  • Élargissement naturel de l’amplitude de travail, réduisant le repos journalier ;
  • Surcharge mentale, absence de mesures du temps de travail ;
  • Désocialisation du collectif de travail ;
  • Isolement pouvant causer des risques psycho-sociaux ;
  • Prise en charge des accidents du travail.

logoPDF Bulletin des élus CGT du CSE * TER PDL - Pas de télétravail si Ps d'avenant

bulletinCSE

 

 

logoPDF Télécharger le tract du 01 avril 2020 de la Fédération CGT des cheminots

tractFD 010420

L'UGICT (Union Générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens)  de la CGT a rédigé un dossier sur le télétravail, et cette période de crise sanitaire a créé un site très complet qui permet de répondre à de nombreuses interrogations https://guideteletravail.fr

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guideUGICT

Dossier de  l'INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) : Le Télétravail en situation exceptionnelle - Ce qu'il faut retenir

http://www.inrs.fr/risques/teletravail-situation-exceptionnelle/ce-qu-il-faut-retenir.html

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INRS Le télétravail en situation exceptionnelle