Flex Office - Quelles conséquences ?

Le principe du flex office

Afin de réduire le nombre de poste de travail, aucun bureau n’est attitré, chaque salarié s’installe où il le souhaite quand il arrive. Chacun dispose d’un casier où ranger son matériel, il doit donc vider lui-même son bureau quand il repart (« clean desk »). Dans ce nouveau mode d'organisation de l'espace de bureau, les salariés alternent entre télétravail et présentiel selon un rythme choisi ou imposé par l’entreprise.

16 % des entreprises ont déjà adopté le flex office et 55 % envisageraient de le faire, selon une étude menée en février 2021 par la société Deskeo. La première raison invoquée ? La réduction des coûts immobiliers, citée par 77 % des répondants. C'est ainsi le cas de la SNCF avec son projet "Agile Campus" dont l'objectif est de réduire de 30% les coûts immobiliers.

Force est de constater que les entreprises qui sont passées au flex office dressent un bilan plutôt mitigé de leur expérience. Seul un tiers des employeurs se déclarent satisfait, selon l’étude de Deskeo de février 2021. Ce qui faillit le plus souvent, c’est le manque d’accompagnement. « Le flex office va à l’encontre du collectif. 

Le flex office devrait compenser les jours de télétravail et préserver la cohésion au sein d'une équipe, encore faut-il qu’il soit synonyme de moments partagés. Les tâches ne doivent pas être les mêmes en flex office qu’en télétravail. Au bureau, il faut favoriser les échanges avec ses collègues et résoudre les problèmes tandis qu’à la maison, mieux vaut privilégier les tâches concentratives.

Mais la réalité est qu'il faut composer avec des collègues présents sur site  et d'autres à distance. On parle de "travail hybride" qui est une expression en vogue pour désigner des modalités de travail intégrant du télétravail, du travail à distance et sur "site". De même, les réunions deviennent hybrides. Ce qui pose des interrogations :

  1. Existe-t-il sur site des espaces adaptés et suffisants pour participer à ces réunions ?
  2. Est-ce que les salarié.es à distance peuvent s'exprimer efficacement ?
  3. Est-il facile de planifier ces réunions ?
  4. Les réunions n'ont-elles pas tendance à se multiplier ?
  5. Quelle éfficacité ?
  6. Quel impact sur le collectif du travail ?
  7. Quel impact sur l'organisation et l'autonomie du salarié.e ?
  8. Finalement, le travail hybride n'entre-il pas en contradiction avec le principe que "les tâches ne doivent pas être les mêmes en flex office qu’en télétravail." ?

En fait, il faut mesurer, d'une part, l'impact sur le collectif de travail et, d'autre part, sur les conditions de travail et sur la santé des salarié.es.

La délégation CGT ont posé ces questions et bien d'autres lors de la mise en place du flex office en 2021 à la DSI TGV (ex DSIV) sur Nantes sans obtenir de réponses précises. Lors du CSE Direction TGV-IC d'octobre 2023, la direction présenté un point sur la situation deux ans après la mise en oeuvre de la nouvelle organisation et du flex office. Pour la direction, mise à part quelques problèmes de débords sur des plateaux, les agents seraient satisfaits de leurs conditions de travail. La direction se base sur le seul constat de l'enquête "C à vous" de 2022 où les agent.es ont répondu majoritairement qu'il.elles jugeaient leurs locaux agréables. Cela suffit pour satisfaire la direction et, plus surprenant, également les membres de la CSSCT alors que sur les plateaux de Jallais, on est loin de ressentir une ambiance de travail où règne une émulation collective tant prônée nos dirigeants.

 

C'est pourquoi, la CGT propose de collecter le retour de chacun.e, de poser les vraies questions. Et, forte des retours, la CGT aura des éléments factuels pour mesurer véritablement les conséquences du Flex office et de vérifier si les nouvelles conditions et modalités de travail ont permis d'atteindre les ambitions du projets et les attentes des agent.es.


 Pour aller plus loin, quelques liens Internet :

Le flex office est-il une bombe sociale ? - Cadremploi

DOSSIER : LE FLEX-OFFICE - CGT Capgemini (cgt-capgemini.fr)

FLEX-OFFICE – CGT SopraSteria

Maîtrise et cadres UFCM (cheminotcgt.fr)

Flex-office : Des salariés SBF ! - CGT AG2R (cgt-ag2r.fr)

Rencontres d’Options (2/3) : télétravail, flex-office et progrès social : une équation insoluble ? - Options (journaloptions.fr)

Rencontres d’Options (1/3) : du télétravail occasionnel au travail hybride, une transformation des pratiques - Options (journaloptions.fr)

https://journaloptions.fr/2023/07/11/il-est-trop-tot-pour-conclure-a-une-grande-mutation/

Flex office : les avantages et inconvénients pour les salariés (welcometothejungle.com)

Le projet "Agile Campus" de la direction SNCF

Le 16 décembre 2020, une première information sur le « projet Agile Campus » était à l’ordre du jour du CSE Siège Voyage. A cette occasion, la CGT avait déjà exprimé et dénoncé les méfaits du concept « Flex office ». Pourtant, la direction SNCF en fait le premier levier dans sa chasse aux mètres carrés. Le deuxième levier est le pari incertain de la généralisation du télétravail.

La délégation CGT est à l’initiative de deux demandes d’expertise sur le sujet. La première expertise concernait les impacts sur les contions de travail sur la santé physiques et mentales des salarié-es. La deuxième expertise se concentrait sur les aspects économiques du projet : les économies budgétaires de la Direction versus les impacts financiers pour les télétravailleurs. Les autres organisations syndicales ont refusé ce deuxième audit car il aurait été en financé par le CSE qui, n’a pas budgété de recours à expertise contrairement à ce qui devrait de mise dans tout CSE.

L’étude aurait permis d’étayer les arguments exiger un nouvel accord sur le télétravail ambitieux. Ce ne sont ni les 150€ pour compenser en faible partie les investissements en matériel ou aménagements ni les 20€ hebdomadaires qui ne compense que les frais d’internet qui pourront compenser l’ensemble des frais de structures déportés le budget des télétravailleurs-euses. A considérer les augmentations récentes de l’énergie, une participation plus conséquente de l’employeur est encore plus justifiée.

Seule donc l’expertise sur les conditions de travail a été votée. Elle a confirmé les craintes des élu.es CGT : l’opportunité économique prime sur le bien être des agents et sur leur santé.

Les discours rassurants et les postures ventant le côté innovant ("...repenser les espaces de travail pour accueillir les collaborateurs dans un nouvel environnement plus flexible, plus propice à la collaboration..."), qui invite au partage et au bien vivre ensemble., le dynamisme du projet ne constituent qu’un écran de fumée pour masquer la politique du groupe SNCF.

La direction de SNCF est engagé une politique globale et généralisée de la massification des open space, de la mise en place de flex-offices (ou clean desk, terme désormais officiel et pseudo novateur). La direction encourage la recherche d’économies à tout prix dans un contexte financier difficile, où les effets de la crise sanitaire sont amplifiés suite à la dernière réforme du ferroviaire.

retro openspace

Le 06 avril 2021, en réunion extraordianire, le CSE siège Voyages a été consulté sur le projet "Agile Campus " (projet d’évolution des modes de travail et sur l’organisation du travail en présentiel et distanciel).  A l'odre du jour, également, la consultation sur la première déclinaision du projet au campus CNIT.

ODJ CSE 060423

Malgré les alertes des experts missionnés par le CSE, les élu.es CFDT, UNSA et CFE-CGC ont voté favorablement argumentant qu'elles/ils étaient favorables au télétravail. De faits, elles/ils ont occulté toutes les problématiques liées au flex office et surtout au travail hybride (présentiel/distanciel) qui était le vrai sujet de la consultation !! Plus étonnant, La CFDT, l'UNSA et la CFE-CGC ont voté défavorablement la déclinaison du projet sur le CNIT !

votes agile campus

Les élu.es CGT ont voté contre après avoir exprimé toutes les menaces sur les conditions de travail et sur la santé des agent.es, mises en exergue par l'expertise.

Accéder à l'explication de vote de la délégation CGT

explicatiion vote cgt CSE 060423

Le CSE siège Voyages a été informé le 22 avril 2021 et consulté le 08 juin 2021 sur la déclinaison du projet "Agile Campus" à Nantes pour la DSIV dans le cadre de son déménagement au bâtiment Jallais. Accéder à l'article.

Agile campus - Dossier DSIV Nantes

Le CSE siège Voyages a été informé le 22 avril 2021 et consulté le 08 juin 2021 sur la déclinaison du projet national "Agile Campus" à Nantes pour la DSIV (désormais DSI TGV) dans le cadre de son déménagement au bâtiment Jallais.

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Dossier DSIV Nantes AGILE CAMPUS projetAnnexe au dossier CSE dinformation consultation

Les enjeux économiques sont clairement explicités dans le document d'information (chapitres c. Situation économique de l'entreprise & vision économique) :

"La situation actuelle de l’entreprise nous oblige à rechercher des pistes d’économies dans plusieurs domaines. Ainsi, l’analyse de nos charges immobilières actuelles sur le site de Carnot nous conduit à envisager des solutions d’hébergement des équipes alternatives moins coûteuses."

"Les éléments économiques relatifs au scénario présenté ci-dessus laissent apparaître à ce stade des économies annuelles estimées à ce stade à 490 K€ sur les loyers/taxes."

18 élu.es sur 19 ont voté contre le projet (une abstention de sud Rail)

votes dossier nantes

Le projet de déménagement de la DSI Voyages a pour origine de répondre aux seules ambitions de la Direction du projet national « AGILE CAMPUS », projet d’évolution des modes de travail et sur l’organisation du travail en présentiel et distanciel. C’est un projet qui est guidé par l’unique vision économique, matérialisée par la réduction des coûts de location en réduisant les surfaces d’accueil de 30% au mépris des conditions de travail et de la préservation du collectif du travail.

La CGT et les cheminot.es ne tomberons pas dans les leurres de temps prétendus modernes. La Direction évoque une performance accrue de la productivité et de la créativité. Le flex office permettrait de casser la routine, donnerait des opportunités de discuter avec des personnes différentes chaque jour, de nouer des liens. Bref, l’illusion patronale évoque l’enrichissement mutuel des salariés de différents secteurs, leur permettant de mieux comprendre les métiers de leur propre entreprise. Allons donc, que de belles proles et promesses ! Comment peut-on nouer des liens entre collègues avec qui on ne partagera que quelques heures un espace de travail ? En pratique, le flex office nécessite une organisation sans faille. Comment préserver un collectif de travail au sein de la DSI voyages où les interactions dépassent le simple périmètre des entités ou BU ? Comment préserver le travail et le contact avec les activités transverses ? Le travail n’est pas seulement constitué des compétences individuelles, ce sont surtout des compétences collectives mises en commun.

Explication de vote de la délégation CGT

explicatiion vote cgt CSE 080623